Chaitén, ville ensevelie

Le réveil est assez difficile. 5 h, c’est tôt… Nous nous habillons et prenons le petit déjeuner laissé sur la table à notre intention, mais nous n’avons pas très faim. En fait, nous avons encore le dîner d’hier sur l’estomac. Comme nous ne pouvions pas vraiment cuisiner dans le B&B, nous sommes allés manger au resto. Nous avons ainsi pu expérimenter deux plats locaux : un bistek a lo pobre (avec deux œufs sur le plat et des oignons) avec frites pour Stéphane, la pichanga pour moi. C’est plutôt moi qui ai expérimenté. Mon plat était composé d’une montagne de morceaux de viandes diverses (saucisse, poulet, porc), accompagnée de pickles et de quelques légumes au vinaigre, le tout sous un énorme tas de frites et de morceaux de fromage. Je peux dire que j’ai été vite rassasiée, vu la quantité. C’en était même écœurant, et l’odeur de friture sur nos vêtements n’a pas aidé. Mais au moins, nous aurons goûté.

Nous quittons le gîte à 5 h 40 et nous rendons au point de rendez-vous pour prendre le bus, qui part à 6 h pile. Il est quasiment plein. Nous ne profitons pas vraiment du trajet, car nous sommes tellement fatigués que nous ne tardons pas à nous endormir. Mais le peu que nous avons vu était magnifique : lacs turquoise, rivières transparentes, montagnes aux sommets enneigés… Cela aurait valu la peine de passer plus de temps ici. Nous rejoignons finalement la fameuse carretera austral pour les derniers kilomètres jusqu’à Chaitén, où nous arrivons sous une pluie battante, à 9 h 30. Là, nous rencontrons Nicholas, le responsable de l’agence Chaitur, qui organise tous les déplacements, trajets, réservations, etc. dans la ville. Il fait agence de voyage et office de tourisme en même temps, puisque de toute façon, l’office de tourisme n’ouvre pas avant janvier. Il est sur le point de partir en excursion avec un groupe, mais nous devons le retrouver ce soir pour organiser notre journée de demain : nous voulons aller randonner dans le parc Pumalin, situé à quelques kilomètres de la ville.
En attendant, il nous dirige vers une auberge, et nous indique également un endroit où nous pouvons camper gratuitement, mais sans services. La météo étant ce qu’elle est, nous optons pour l’auberge pour ce soir. Nous verrons ce que cela donne les prochains jours. Nous sommes à Chaitén jusque lundi après-midi, 16 h, heure du départ de notre bateau pour Quellón, sur l’île de Chiloé. Nous nous installons à l’auberge, prenons un café, et allons nous promener.

En 2008, la ville de Chaitén a été frappée par les foudres du volcan Chaitén, situé à une quinzaine de kilomètres. L’éruption était inattendue et exceptionnelle, on pensait que le volcan était éteint. Toujours est-il que la ville a été quasiment détruite, et que plus de trois ans plus tard, on peut encore observer l’ampleur de la catastrophe. Tout a été recouvert de cendres, voire enseveli, et dans une partie de la ville, rien n’a changé. C’est vraiment impressionnant ! Ce qui est étonnant, c’est le nombre de maisons qui appartiennent à l’état. Elles sont vides, et Rita, la propriétaire de l’auberge, nous explique que le gouvernement les a rachetées aux anciens propriétaires qui avaient été évacués en raison de l’éruption volcanique. En fait, la région est économiquement très intéressante. On y exploite des mines d’or et d’argent. Enfin, des compagnies privées (américaines et canadiennes, notamment) les exploitent. Le gouvernement semble donc essayer de récupérer les terres pour pouvoir étendre l’exploitation minière. Il ne peut pas le faire en présence d’une population trop importante, pour des raisons sanitaires. Heureusement, certaines personnes résistent et ont refusé de vendre leurs terres, ce qui permet, pour l’instant, de repousser la sentence…

Après notre promenade, nous avons faim. Nous n’avons pas trop envie d’aller cuisiner à l’auberge. Il n’y a plus d’électricité dans la ville pour des raisons de maintenance. Du coup, on dégote un petit resto où il semble y avoir du monde (que des locaux, en plus, c’est bon signe) et profitons de l’occasion pour manger le plat traditionnel de Chiloé, un peu en avance : le curanto. Traditionnellement, on creusait un trou dans la terre, dans lequel on faisait cuire des fruits de mer (ici, moules et coques). Au-dessus, on ajoutait de la viande (saucisses, travers de porc, poulet) et des pommes de terre. On recouvrait le tout de feuilles de nalca (rhubarbe sauvage) et on laissait cuire à l’étouffée pendant un ou deux jours. On servait ensuite accompagné d’un bouillon à verser sur les aliments. Nous avons eu à peu près cela, si ce n’est que ce n’était pas cuit de la manière traditionnelle, mais dans une casserole. Mise à part la taille des moules (un peu difficiles à apprécier), c’était très bon. Par contre, les quantités sont astronomiques. Deux repas en deux jours en resto, et nous avons eu peur en voyant les assiettes arriver à chaque fois. Mais ce midi, c’était plus raisonnable. Les fruits de mer, ça remplit moins que les frites, quand même.

Nous rentrons ensuite à l’auberge après le repas, et la propriétaire nous propose de nous emmener au Termas del Amarillo. Ces thermes sont situées à une trentaine de kilomètres de Chaitén, sur la route que nous avons empruntée pour venir ce matin. Nous avions hésité à nous y arrêter par manque d’informations précises, et parce que nous avions peur qu’une journée là-bas, ce soit trop long. Nous aurions pu y retourner depuis Chaitén en arrivant ce matin, mais l’idée de repayer le transport pour aller d’où nous venions ne tentait pas trop, alors nous avions décidé de laisser tomber. Mais là, puisqu’on nous propose de nous y emmener, nous sautons sur l’occasion. Et nous en avons bien profité. Il n’y a personne, nous avons le bassin rempli d’eau chaude qui descend directement du volcan juste pour nous. C’est le pied, on est trop bien !

Après ce bon bain, nous rentrons à l’auberge et nous mettons en quête d’argent. Nous n’en avons quasiment plus et il n’y a plus de guichet automatique à Chaitén depuis l’éruption, en 2008 ! Nous devons essayer de traiter avec un commerçant, en lui faisant un virement par Internet. Malheureusement, notre compte Visa n’est pas configuré pour autoriser les virements internationaux. Il faudrait que nous communiquions avec Desjardins, ce qui est un peu compliqué depuis ici. Mais nous parvenons quand même à obtenir quelques pesos en changeant notre source d’argent d’urgence : les dollars américains bénis, merci Nico et Sophie ! Mais ne vous en faites pas, nous ferons quand même l’excursion au salar d’Uyuni.

Une fois ce problème technique réglé, nous allons réserver notre billet de bateau pour lundi. Au moins, là, nous pouvons payer par carte. Il nous faut ensuite retrouver Nicholas pour planifier nos deux prochaines journées. Nous retournons donc dans la rue principale, et profitons du soleil en bord de mer. Le ciel s’est dégagé, ce qui nous permet également de voir le fameux volcan Chaitén. Il y a même de la fumée qui en sort, nous n’en croyons pas nos yeux. Nous apprendrons par la suite que ce n’est que de la vapeur. Mais quand même, ça nous a fait quelque chose. Finalement, Nicholas est introuvable. Nous essaierons donc d’aller frapper chez lui demain. En attendant, nous rentrons à l’auberge nous préparer un bon plat de pâtes, et allons nous coucher.


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