Nous avons fait une bonne nuit, cela fait du bien. Nous nous levons à 7 h 30, bien reposés, et prenons le temps de déjeuner tranquillement, de ranger les affaires, sans se presser. Je m’octroie même une douche du matin, alors que j’en ai pris une hier soir. À 9 h 15, nous prenons la route vers la sortie du village, espérant trouver rapidement un chauffeur. Il nous faut bien marcher 4 km pour arriver à la sortie de Trevelin, sous un soleil de plomb. Comme hier, il fait chaud et il n’y a pas de vent. L’horizon est encore brumeux… des cendres du volcan chilien. Une voiture s’arrête et nous dépose une dizaine de kilomètres plus loin. Nous marchons un peu, puis une autre voiture s’arrête. Cette fois, le monsieur nous fait faire une vingtaine de kilomètres. Il nous dépose chez lui, en pleine campagne, d’où nous reprenons notre route. Les paysages sont à couper le souffle. Ce que nous voyons, c’est vraiment ce que l’on voit sur les photos des guides qui traitent du nord de la Patagonie, d’autant plus que nous sommes au printemps.




Tout est en fleur, c’est vraiment magnifique. Et nous avons tout le temps de contempler le paysage. Il nous reste environ 7 km (selon notre dernier chauffeur) à parcourir jusqu’à la frontière, et une dizaine après côté chilien pour rejoindre la première ville, Futaleufú. Et il y a vraiment peu de passage. Les quelques voitures qui passent ne s’arrêtent pas, et nous marchons, sous le soleil… Finalement, nous passons les 7 kilomètres, et toujours pas de frontière, mais un pick-up s’arrête en nous prend dans la remorque, et nous fait faire les derniers 4 km (on est loin des 7 km au total, je peux vous dire que la motivation baissait à vue d’œil en fin de parcours. Heureusement que ce camion nous a pris…). Cool, depuis le temps que j’avais envie de monter dans une boîte de pick-up, hé hé ! Ils nous dépose 200 mètres avant la frontière pour ne pas être embêté par les douaniers (le chauffeur et le passager traficotent des trucs bizarres…) et nous propose de nous reprendre de l’autre côté, une fois les formalités effectuées (il essaie par la même occasion de nous loger dans son camping, tous les moyens sont bons pour rameuter le client). Cela fait bien notre affaire, car après les 10 km parcourus sur de la route en ripio, en plein cagnard, nous n’en pouvons plus, et 10 km supplémentaires semblent insurmontables.
Mais les douaniers en décident autrement. Côté argentin, pas de problème, comme d’habitude, ça passe tout seul. Côté chilien, par contre, comme à chaque fois, on te fait remplir une déclaration qui indique que tu n’entres pas au pays avec des produits d’origine animale ou végétale, puis on te « fouille » le sac. On se croirait aux Etats-Unis… Bref, tout cela pour dire que ça prend des plombes, et une fois côté chilien, notre chauffeur n’est plus là. Finalement, c’est peut-être mieux. C’était bizarre, ses magouilles d’essence avant de passer la frontière. Et nous trouvions étrange qu’il propose de nous attendre, malgré les démarches administratives, et tout. Quelque part, cela nous rassure. Mais en attendant, nous voilà de nouveau sur la route, mais ô surprise, elle est asphaltée !! Franchement, ça change tout. On marche quand même vachement mieux. Nous décidons d’avancer un peu et de nous poser pour manger, car on commence à avoir un peu faim, quand même. Il est 13 h 30. Mais une voiture approche, alors nous tentons notre chance : une gentille dame s’arrête et nous emmène directement à Futaleufú. Trop bien !

Une fois sur place, nous devons choisir entre poursuivre notre route (après avoir mangé, parce qu’on a toujours faim…) et rester ici ce soir et prendre le bus qui part à 6 h demain matin pour Chaiten. Finalement, nous choisissons le bus. Nous avons accompli notre mission du jour, parcouru 50 km, un exploit vu la circulation, et économisé 80 pesos. Mais là, on est crevé, et vu le trafic, nous n’avons pas le courage de continuer. Alors on se trouve un petit B&B où on passe l’après-midi tranquille. Demain, nous nous levons à 5 h, alors nous n’avons pas trop envie d’avoir à démonter la tente à cette heure-là. Et au moins, nous sommes à l’abri du vent. Et oui… ce satané vent a refait surface, puisque nous avons traversé les montagnes.