Ce weekend, nous sommes retournés à Skagway en Alaska pour camper et randonner. Il parait que la fin de semaine va y être ensoleillée. C’est le temps idéal pour monter AB Mountain, entendez par là Arctic Brotherhood mountain. En février 1898, en pleine ruée vers l’or, onze hommes fondèrent une organisation appelée Arctic Brotherhood. À son apogée, l’ordre comptait dix mille membres répartis sur trente-deux camps. Puis, à partir des années 30, l’organisation tomba lentement dans l’oubli.
Finie l’histoire, place à l’action. Nous arrivons à Skagway le samedi en fin d’après-midi et nous installons au camping gratuit de Dyea, d’où nous explorons les « flats » que l’on peut comparer à des prés-salés ou des bas-champs qui se font recouvrir lors des grandes marées. Nous n’avions pas pu en profiter la dernière fois à cause de la pluie.



Il fait tellement chaud et sec, et oui la canicule touche aussi le Nord américain, que les autorités locales ont interdit les feux de camp. Nous serons obligés de faire nos hot-dogs sur le gaz… Pas aussi typique. Mais bon, on s’en accommode tant qu’on a de la bière!
Le dimanche, il fait toujours aussi chaud, tu lèves les bras tes aisselles se transforment en fontaine. On n’est plus habitué : la dernière randonnée, il faisait 5° et il neigeait presque. En fait, non, il neigeait vraiment au sommet. Nous commençons donc le sentier vers 10 h. Le début est très boisé, peu pentu, avec de la mousse sur les roches et des grands sapins (et oui, il pleut quand même beaucoup ici). Au bout de 3 km, nous arrivons enfin au pied de la montagne, la pente est raide, il faut parfois mettre les mains. même s’aider d’une corde qui a été installée à un endroit.
Au bout de trois heures, nous arrivons au sommet d’AB et poussons jusqu’au deuxième point de vue, un peu plus haut. La vue à 360° est magnifique, avec des glaciers, le fjord et des montagnes tout autour. Nous sommes trempés de sueur, nous avons faim et sommes pris pour cible par des moustiques affamés, eux aussi, qui, malgré le vent, nous attaquent et nous perturbent notre pause bien méritée. Il faut dire que ce sont des moustiques américains, ils font tout autrement que les autres. Même dans les endroits où ils ne devraient pas se trouver, en plein vent et en altitude, ils sont là et réussissent à te pourrir l’existence. Ce n’est pas toujours facile d’être un humain au pays des moustiques. Ceci dit, dans notre appart, la réciproque s’applique.




Le sandwich vite mangé, nous reprenons notre chemin en sens inverse mais pas à reculons, on n’est pas fou. De temps à autre, notre subconscient nous titille l’esprit et nous dit qu’il ne faudrait pas chuter ici et là ou encore là, car il serait difficile de se rattraper tellement la pente est abrupte. Finalement, après m’être fait engueuler par une espèce de poule-perdrix (lagopède des saules pour les experts) qui se prélassait sur le sentier en compagnie de ses perdreaux-poussins, je tombe dans le vide, double salto bien piqué, le sol s’est dérobé sous mon bâton et je me retrouve deux mètres plus bas (IIIIIHHHHH, le cri de Mélanie) sur la pierre et dans les buissons. Plus de peur que de mal, mais le genou droit a morflé dans la chute. La redescente prendra plus de temps que prévu.
