1er février, nous revenons de la Isla del sol par le bateau du matin. Nous avons passé la nuit en camping plus ou moins autorisé. En fait, on pense qu’officiellement, il est interdit de camper au sud de l’île, mais les locaux nous avaient dit qu’on pouvait camper partout. Lorsque nous avons vu une tente plantée près de l’escalier de l’Inca de Yumani, nous nous sommes dit que nous allions nous y installer aussi. Nous avons donc fait la connaissance de Carolina et Gonzalo, avec qui nous avons passé une très bonne soirée. Ceci dit, cela ne s’engageait pas très bien, car les enfants du village n’arrêtaient pas de venir nous demander de l’argent pour planter la tente. Heureusement pour nous, nos amis argentins avaient déjà essuyé les plâtres la veille et nous expliquent comment cela fonctionne : rien à payer, les enfants essaient juste de faire de l’argent sur notre dos. Nous avons déjà payé les droits d’entrée dans le village, donc pas de problème. Mais les gosses sont vraiment acharnés. La veille, ils avaient menacé Gonzalo et Carolina de venir déchirer leur tente pendant la nuit s’ils ne payaient pas pour camper… Donc on va dire qu’on a planté la tente sans être trop sûr de notre coup. Mais finalement, tout s’est bien passé et nous avons passé une excellente soirée.
Nous arrivons donc à Copacabana à 13 h. Le trajet en bateau dure une éternité ! Nous allons directement à l’hôtel récupérer nos affaires et nous installer et prendre une douche. Nous ressortons nous promener et nous rendons compte que les festivités pour le carnaval sont sur le point de commencer. Les rues sont recouvertes de dessins en pétales de fleurs, c’est très joli et très appliqué. Finalement, nous n,allons pas manger : les troupes commencent à défiler et nous restons pour admirer les costumes et écouter les fanfares qui suivent chaque groupe. Il s’agit en fait d’une procession qui suit la Vierge, protectrice de la ville, que le prêtre emmène devant la cathédrale. Elle restera exposée là toute la journée. jusqu’à la nuit tombée, les fanfares et les danseurs ne cessent de défiler. Les costumes sont exceptionnels, tous plus brillants les uns que les autres.



L’autre revers de la médaille : le carnaval est une excuse pour boire. Il semble que ce soit le cas de tous les carnavals, mais les Boliviens sont réputés pour boire beaucoup, et nous en avons la preuve sous les yeux. À 16 h, certains danseurs ont du mal à tenir debout, et les festivités ont commencé à 14 h… Tout le monde boit, les hommes, les femmes, les gens qui participent au défilé, les spectateurs… C’est assez étonnant, d’ailleurs, de voir les cholitas en superbes tenues, en train de danser dans le défilé, une canette de Paceña à la main. Ce qui nous amène à un autre paradoxe bolivien ; ici, on vénère Pachamama, mère la Terre. Alors avant de boire dans leur verre ou leur bière, ou quoi que ce soit, ou juste avant de vider leur boisson, ils en jettent quelques gouttes, parfois un bonne gorgée, en offrande à Pachamama. Imaginez donc l’état des rues après 4 h de festivités alcoolisées. Tout cela se mélange aux déchets, allègrement jetés par terre ici (d’où le paradoxe), et à l’urine, parce qu’on ne se gêne pas pour faire ses besoins dans les rues, sans même chercher un coin de mur. Bref, on aime la Terre, mais on ne la soigne pas vraiment, il suffit pour cela de voir l’état du sentier qui monte au Calvaire. Une vraie porcherie, et c’est un lieu saint ! Ah oui, pour couper la journée, nous sommes allés aux deux miradors de la ville qui sont aussi des lieux saints : Le cerro Santa Barbara et le Cerro Calvario.



Pour oublier le négatif, on passe un très bon moment. Nous sommes bien contents de pouvoir assister à ces festivités, très importantes pour les gens d’ici. Ils passent d’ailleurs toute la nuit à danser. Nous, on abandonne à 22 h, après avoir assisté à toute une suite de feux d’artifices plutôt artisanaux. On a eu un peu peur pour notre cuir chevelu à certains moments. C’était rigolo.
Après une bonne nuit, nous sommes réveillés à 7 h par les premières fanfares. Impossible de comprendre comment ils ont fait pour être debout à cette heure-là, capables de jouer de leur instrument aussi tôt, après un nuit pareille. Nous, qui n’avons pas bu, on aurait bien dormi deux heures de plus. Du coup, nous nous levons et allons visiter les sites pré-incas aux alentours de la ville : horca del Inca (encore une bonne grimpette, j’en peux plus, moi, de monter…), un site d’observation astrologique. On y observait le soleil au solstice d’été. Nous allons ensuite voir, ou essayer de voir, Intikala, el asiento del Inca, soi-disant un autre lieu d’observation astronomique. En fait, on ne discerne rien, le site est grillagé et pas du tout entretenu. De retour en ville, nous croisons quelques fanfares, mais c’est beaucoup plus tranquille qu’hier. On se rend compte que le plus gros de la fête avait lieu le 1er février. Aujourd’hui, quasiment plus de costumes, les musiciens jouent un peu, mais en gros, il s’agit plus de regroupement de gens autour de la place, assis à manger, et surtout à boire. Quelques groupes se succèdent sur les scènes installées. Finalement, heureusement que nous sommes rentrés tôt de l’île hier, nous aurions été déçus de ne voir que les activités d’aujourd’hui. Nous verrons bien ce que le Pérou nous réserve.
Grand départ demain matin.