Et voilà. Après un dernier aller-retour, nous avons dit au revoir aux Territoires du Nord-Ouest.
Souvenez-vous, nous avions laissé M. Leblanc à Yellowknife pendant l’hiver. Difficile d’imaginer un trajet de 2 600 km en janvier à son bord, connaissant sa résistance et sa fiabilité légendaires, et l’état des routes canadiennes (et ténoises) à la saison froide. Il nous a donc fallu aller le rechercher. Le 21 mai était férié à l’occasion de la fête de la Reine. Le moment idéal pour un petit road trip. D’autant que, puisque mon nouveau contrat commençait le 22 et que le gouvernement du Yukon n’autorise pas les employés à passer d’un contrat à l’autre directement, je devais m’arrêter de travailler trois jours consécutifs (trop dur…) : c’était parfait. Seul Stéphane a dû utiliser deux jours de congé 😦


Nous voilà donc partis, de bonne heure (lever 3 h 30, décollage 6 h 30) et de bonne humeur (vu l’horaire, je ne suis pas certaine, mais bon…) à l’aéroport pour un vol de 2 heures. Arrivée à Yellowknife à 9 h 30 heure locale : y a plus qu’à! Au programme, redémarrage du van (on croise les doigts), décalaminage (terme technique employé uniquement par Stéphane, que je remplacerais personnellement par « décrassage » – comprendre « appuyer à fond sur la pédale d’accélérateur », ce qu’on ne peut pas faire en raison de l’état pitoyable des routes de la ville et du fait qu’on est en ville, justement), et kilométrage (comprendre « tourner et tourner et tourner encore dans la ville pour faire rouler l’engin).
Et bien figurez-vous que tout s’est bien passé! Nous n’y croyions pas nous-même. M. Leblanc a redémarré sans problème. Même pas un toussotement. Il a ensuite roulé normalement, s’est arrêté quand on lui a demandé, et est reparti sans encombre. Bon, on a bien eu une petite crainte à un moment, lorsque, sur le parking du Canadian Tire, la fermeture centralisée s’est emballée et à refusé de s’arrêter. Mais finalement, c’était juste probablement dû à une période d’inactivité trop longue : les pitons ont viré fous, ne sachant plus comment réagir à une remise en route aussi soudaine. Bref, en résumé, aucune difficulté pendant notre court séjour à Yellowknife. Et après une soirée passée en bonne compagnie, nous nous somme engagés sur le chemin du retour : trois jours de route cahoteuse avec deux nuits en camping pour traverser deux territoires et deux provinces. Une aventure comme on les aime!

Pour faire court et ne raconter que les détails savoureux :
Jour 1 : Yellowknife – Brownvale (Alberta) : 1 017 km. Rien d’impressionnant sur la route, si ce n’est quelques bisons des bois. On a un peu cherché pour dormir le soir. Tous les villages annonçaient la présence d’un camping… introuvable. Finalement, on en a trouvé un dans un bled paumé. Mais camping municipal, donc gratuit, avec toilettes sèches et PQ : un très bon deal! Seul point négatif (il en faut bien un), on était en beau milieu de terres agricoles et le fermier n’a rien trouvé de mieux à faire que d’épandre dans son champ. Et malheureusement, ce n’était pas que du fumier. Nous nous sommes donc faits gazer pendant l’apéro, qui a tout de suite eu bien moins bon goût. Moralité : mangez bio!
Jour 2 : Brownvale – Liard Hot Springs (Colombie-Britannique) : 913 km. Route MAGNIFIQUE!!! On s’attendait bien à voir de belles choses en traversant les Rocheuses du Nord, mais à ce point… Routes sinueuses, pics enneigés et lacs turquoise, avec à l’arrivée, les fameuses sources tant attendues, le temps fort du voyage. Aménagées, mais pas trop, bien chaudes comme il faut… un vrai moment de détente.
Seul point négatif (il en faut bien un) : l’hébergement. Mais c’est notre faute. Le camping du parc était plein en ce long week-end. On aurait pu réserver un emplacement, mais on ne l’a pas fait, n’étant pas certains d’y arriver le soir. Nous avons donc dû nous rabattre sur le camping du « lodge », un RV park (en gros, un camping uniquement prévu pour les camping-car – pas d’herbe, juste une allée bitumée et une prise pour brancher la batterie du véhicule) pourri qui nous a coûté la bagatelle de 36 $. Mais relativisons, nous n’avions rien payé la veille.
Jour 3 : Liard Hot Springs – Whitehorse : 646 km. Rien de notable. On a traversé des petits bleds qu’on ne connaissait pas, notamment des communautés yukonnaises dans lesquelles nous ne serions probablement pas allés naturellement. Une petite originalité à Watson Lake : la forêt de panneaux.
Mais sinon, on en a pris plein les yeux. Parce que oui, au printemps, les animaux sortent et ils ont faim. Alors en résumé, notre voyage, c’était : 1 lapin, 1 renard, 2 porcs-épics, 1 castor, 47 bisons des bois, 5 rongeurs suicidaires (mais aucun décès à déclarer), 10 ours noirs, 3 biches, 3 orignaux, 2 caribous (une première, on était trop contents)
Et bien sûr, des kilos et des kilos de mouches écrasées sur le pare-brise. Mais ça, M. Leblanc a l’habitude, maintenant. Dans la même veine, on notera que nous avons eu affaire à nos premiers moustiques de l’année les deux soirs de camping. Oui, parce que j’ai oublié de le dire, mais dans le Sud, il fait chaud. Le thermomètre affichait entre 25 et 30 degrés les deux premiers jours du voyage. Du coup, les bibites sont déjà là. Mais on est vite revenu dans la réalité le troisième jour en retrouvant les 10 degrés du Yukon. Et les moustiques ont disparu!

Comme vous le constaterez, il y a très peu de photos de ce voyage. Les souvenirs seront dans notre tête. Nous avons préféré apprécier la nature avec les yeux plutôt qu’à travers un objectif et un pare-brise dégueu. Nous nous en excusons.
Alors ça y est, nous tournons définitivement la page ténoise de notre épopée canadienne. Nous avons traversé le pays en voiture d’est en ouest. Reste l’Alaska, et on aura atteint le bout du bout. Mais on garde ça pour plus tard. En attendant, nous allons pouvoir partir à la découverte de notre nouvelle région, et ça commence ce week-end. Camping-rando, quelqu’un?
