C’est les vacances, nous partons en exploration. Trois jours et demi de randonnée dans le parc du Mont Robson, en Colombie-Britannique, près de Jasper. Nous sommes vraiment excités : nous allons découvrir un coin que nous ne connaissons pas encore, nous allons marcher plusieurs jours dans l’arrière-pays, ce qui ne nous est pas arrivé depuis… l’Amérique du Sud, et, si tout se passe bien, nous devrions voir des paysages magnifiques ! Alors, c’est parti !
Les préparatifs :
Ahhhh, quel bonheur de ressortir les sacs à dos après tout ce temps. Nostalgie, quand tu nous tiens… Moi, ça me donne juste envie de repartir en voyage ! Bon, par contre, une fois remplis, les sacs donnent moins envie d’être portés pendant quatre jours : première pesée, Stéphane s’embarque avec 20 kg sur le dos, moi, avec 16 ! On a perdu l’habitude, on dirait. Alors on vide tout, et on recommence. Au deuxième passage, c’est un peu plus raisonnable : 16 pour Stéphane, 13 pour moi. On avait beaucoup trop de nourriture et d’eau. C’est encore beaucoup, mais on ne fera pas mieux.
Jour 1 : le départ
Ça y est, c’est le jour J. Nous partons en matinée pour le parc du mont Robson, à quatre heures de route de Canmore. Passage par la Promenade des Glaciers, que nous commençons à bien connaître, c’est toujours impressionnant. Mais que de touristes. Et encore, nous sommes en semaine. Après un bref arrêt à Jasper pour une gâterie prévue pour le goûter (ahhhhh, les scones à la framboise et au chocolat blanc de la boulangerie Bear Paw… Ça va pas alléger les sacs, ça, hi hi), nous arrivons au parc en début d’après-midi, où nous allons nous enregistrer. Et oui, formalités obligent, bienvenue dans le monde de la randonnée organisée ! Oui, car encore une fois, l’Amérique du Nord, pour la randonnée, il y a à prendre et à laisser. Tout est tellement réglementé que cela devient un vrai parcours du combattant pour aller randonner quelques jours. On perd un peu l’esprit de la marche dans la nature… Par exemple, nous avons dû décaler nos vacances, parce qu’aux dates auxquelles nous voulions aller marcher, il n’y avait plus un seul emplacement de camping réservable, tout était déjà pris ! Du coup, pour être sûrs de pouvoir dormir, on n’a pas le choix des dates, on prend ce qu’il reste. Où alors, on réserve trois mois à l’avance. Autant dire qu’il est impossible de décider au dernier moment d’aller randonner parce qu’il fait beau. Mais il y a tout de même un côté positif à toute cette réglementation : cela limite le nombre de visiteurs (de toute façon, il n’y a que 100 emplacements de camping dans tout le parc). Rien à voir avec les lacs Louise et Moraine au mois d’août, quoi…
Et voilà…

Bref, nous allons donc nous enregistrer, vérifier que tout est en ordre, nous avons droit au petit topo habituel de bonne conduite (bien, pas bien…), et au visionnage de la vidéo de l’attitude à adopter dans le parc (qu’on a zappé, booouuuhhhhh !!!!! C’est pas qu’on n’a pas voulu la voir, c’est qu’on l’a pas trouvée. Bon, on n’a peut-être pas très bien cherché…), et nous nous mettons en route, après une petite vérification des prévisions météo : mouais, mieux vaut ne pas y penser. De toute façon, la météo, ils se gourent tout le temps !



En route pour un petit 7 km de marche dans les bois (ben oui, quoi, faut pas oublier qu’on est au Canada, toute bonne rando commence par une partie dans les bois, où on voit rien…), jusqu’au lac Kinney, premier campement. C’est la partie la plus achalandée, les gens viennent faire l’aller-retour jusqu’au lac sur la journée, nous croisons donc pas mal de monde. Mais une fois au lac, cela se calme, et plus la journée avance, moins nous sommes nombreux. Ceci dit, nous sommes arrivés tôt, et il faut s’occuper. Il n’y a pas grand-chose à faire : les feux sont interdits, on ne peut pas passer la soirée autour du foyer. Finalement, après avoir rapidement exploré les bords du lac, nous mangeons et nous couchons assez tôt : à 21 h, nous sommes au lit. Au moins, on va faire une cure de sommeil pendant ces quelques jours !
Jour 2 : marche jusqu’au camping Marmot
Nous sommes réveillés par le doux son de la pluie, qui ne nous donne pas envie de nous lever. Mais à 8 h 30, Stéphane prend les choses en main et sort de la tente. À force de traînasser, la pluie cesse, et nous pouvons démonter la tente et essayer de la faire sécher sous l’abri, pendant que nous prenons le petit déj’. Il fait froid et humide !
Après avoir attendu assez longtemps que la tente sèche, nous nous engageons sur le sentier pour parcourir les 12 km de montée qui nous attendent aujourd’hui pour rejoindre le camping Marmot, où nous planterons la tente pour les deux prochaines nuits. Effectivement, ça grimpe ! Et on sent bien les kilos sur le dos (heureusement qu’on n’a pas emmené l’apéro, hi hi). En chemin, nous traversons la vallée des 1 000 chutes d’eau (on n’a pas compté, mais il y en a effectivement un paquet), croisons quelques randonneurs et un ou deux écureuils, mais le paysage devient réellement intéressant sur les quelques derniers kilomètres. Une fois sortis du bois, nous longeons la rivière Robson en contrebas et un pierrier sur la gauche : enfin un paysage d’altitude.






L’apparition du glacier Mist dans un virage fait le reste : c’est là qu’on va, et nous sommes conquis. Le reste du chemin jusqu’au camping n’est qu’admiration, avec l’apparition par la suite du lac Berg, et de son glacier. Nous plantons la tente à proximité du lac, dans un paysage enchanteur, seuls au monde, ou presque. Ça valait bien quelques gouttes de sueur !
Après avoir planté la tente, nous profitons du fait qu’il ne pleut pas pour monter jusqu’au lac Hargreaves. On devait y passer demain, mais finalement, mieux vaut tenir que courir, et nous avons encore du temps devant nous. Et nous avons bien raison. Après une bonne grimpette de 3 km, nous arrivons au sommet de la moraine et découvrons derrière les lac et glacier Hargreaves, et, de l’autre côté, une vue imprenable sur le glacier et le lac Berg, ainsi que sur le glacier Mist, et nous découvrons son lac, invisible depuis en bas.
Les mots manquent pour expliquer ce que l’on ressent à ce moment-là. Nous sommes en admiration devant cette vue incroyable, privilégiés que nous sommes d’avoir pu marcher, ou choisi de marcher, jusque-là pour profiter de cette nature encore presque vierge. Devant cela, on oublie vite les petites frustrations du quotidien, cela vaut tout l’or du monde. On resterait bien là, à admirer, pendant des heures, mais il commence à faire froid et la nuit tombe vite, maintenant. Il nous faut redescendre. Nous quittons donc notre point de vue, des images plein la tête, pour aller manger et nous préparer pour la journée du lendemain : plus de 25 km au total si tout se passe bien, mais sans sac. Nous nous couchons au son des blocs de glace qui se décrochent du glacier et tombent dans le lac… Tout simplement unique !
Jour 3 : pluie et brouillard
Désolée pour le mauvais jeu de mots, mais voilà qui résume parfaitement notre troisième journée de marche. Réveillés avec la pluie (encore), nous avons cru l’espace d’un instant que cela n’allait pas durer, et que nous aurions le même temps que la veille. Erreur. Ça s’est calmé, puis ça a repris… pour ne plus cesser jusqu’au soir. Les 25 à 30 km du jour se sont donc transformé en 14 km, du camping au Robson pass, puis retour au camping par la rive du lac Berg.




Nous choisissons de faire l’impasse sur le Snowbird pass, décidément sous les nuages et dans le brouillard. Dommage, on nous l’avait fortement conseillé, mais là, cela n’aurait pas donné grand-chose à notre avis. Nous montons donc jusqu’à un pierrier en longeant les Toboggan falls (très jolies, mais sous la pluie, ça rend moins bien…). Ensuite, nous marchons dans le fameux pierrier qui surplombe la vallée et depuis lequel nous devrions avoir une vue imprenable sur les glaciers Mist, Berg et Robson. Malheureusement, on ne voit rien, trop de nuages. En plus, on est trempés ! Et ça ne s’arrête pas. Après avoir atteint le Robson pass, et fait une brève incursion en Alberta, nous redescendons et atteignons de camping le plus éloigné de l’entrée du parc, et où les feux sont permis ! Nous décidons donc de nous arrêter pour manger, et de nous réchauffer au coin du feu. C’est là que nous décidons de rentrer directement au camping par le lac, même si on sait que la soirée risque d’être longue. Finalement, la pluie cesse en soirée et nous pouvons quand même rester dehors. Après avoir dîné tôt, et plus ou moins prévu notre organisation pour le départ du lendemain, nous terminons la soirée par un concours de ricochets sur le lac Berg, gagné haut la main par Stéphane. Comme quoi quand on est loin de tout, on retrouve une âme d’enfant…
Jour 4 : le retour
Aujourd’hui, on rentre : 19 km de descente jusqu’au parking où se trouve M. Leblanc. Nous avons évalué la marche à environ 6 h, pauses comprises. Nous nous levons à 6 h 15 et, Ô miracle, il ne pleut pas ! Cela ne veut pas dire que la tente est sèche, il a quand même plu un peu au cours de la nuit, mais beaucoup moins que les nuits précédentes. Le temps de déjeuner et de tout remballer, nous décollons vers 7 h 40. La descente est rapide, bien que quelque peu douloureuse. La descente sur de la terre mouillée, c’est dur et ça glisse. Raison de plus pour ne pas traîner en chemin. De toute façon, il pleut par intermittence ; le reste du temps, nous sommes dans la forêt et dans les nuages. Nous arrivons en bas à midi, juste à l’heure pour un bon morceau de pain accompagné de beef jerky… mais pas de bonne bière, dommage !

Ensuite, direction Jasper, où nous comptons aller passer la fin de journée et camper pour la nuit, histoire de faire une petite marche demain sur le chemin du retour. On a déjà l’eau à la bouche rien qu’à penser à notre scone aux framboises et au chocolat blanc accompagné d’un bon mocha. Malheureusement, c’était sans compter que nous sommes vendredi, et que c’est la fin de semaine de la fête du travail. Résultat : Jasper est bondée ! Nous n’avons vraiment pas de chance, chaque fois que nous allons là-bas, quelque chose nous empêche de faire ce que nous prévoyons. Alors, pas de scone : la boulangerie (enfin, les deux, il y en a deux !) a été pillée. Première déception.
Et pas de camping non plus. Ceux situés à proximité du centre sont pleins, il reste quelques places dans celui qui se trouve à plus de 30 km, mais le temps que nous y arrivions, il est plein. Reste l’option des campings overflow, mais là, on refuse de refaire comme l’autre fois : on n’a pas envie de payer près de 30 $ pour se garer dans un champ, être les uns sur les autres, sans pouvoir faire de feu. Alors tant pis, on décide de rentrer. Dans 3 h, on sera chez nous. On profite donc de la Promenade des Glaciers en soirée. Elle est d’ailleurs plus jolie dans ce sens-là. Nous sommes de retour chez nous à 21 h.