Nous voilà à Mendoza, capitale vinicole du pays. Il fait beau et chaud, nous n’avons pas eu de telles températures depuis bien longtemps, ça fait du bien. Vive le short et les sandales !
Nous arrivons vers midi et nous dirigeons rapidement vers le centre-ville. Après un petit arrêt au centre d’info touristique, nous décidons d’aller nous poser dans la rue piétonne pour manger notre sandwich, puis nous installons en terrasse pour prendre un café. Et là, nous faisons la connaissance de Lucas. Il est Argentin, d’origine italienne, graphiste. Sa famille est propriétaire d’une entreprise qui imprime les étiquettes des bouteilles (de vin, entre autres, mais aussi de boissons gazeuses) de la région. Nous discutons pendant un bon bout de temps des choses à faire dans le coin. Il nous abandonne un moment pour aller chez lui chercher des cartes routières, pour que nous puissions étudier les différents itinéraires, et c’est là que tout a basculé !

Pendant son absence, je me retourne et me rends compte que mon sac à dos, qui était posé sur la chaise d’à côté, a disparu. Alors là, c’est la panique. Il n’y avait pas grand chose dedans, mis à part ma pochette, dans laquelle se trouvent mon passeport, ma carte de crédit, ma carte de résident permanent, ma carte d’assurance maladie du Québec, et mon carnet de vaccination (obligatoire pour entrer en Bolivie). Génial ! Normalement, la pochette est toujours autour de mon cou. Mais là, allez savoir pourquoi, je l’avais mise dans le sac. Du coup, là, on est un peu perdu. Notre nouvel ami Lucas, qui entre-temps est revenu avec ses cartes et ses guides, nous accompagne au bureau de la police touristique, qui elle-même nous emmène au bureau de la police fiscale. Là, nous attendons des lustres (l’administration n’est pas plus rapide ici qu’ailleurs) pour que je puisse faire une déposition. Puis nous retournons au bureau de la police touristique, d’où j’appelle le consulat de France à Buenos Aires, le plus gros problème étant la perte du passeport. Verdict : il faut aller à Buenos Aires, on ne peut rien faire depuis Mendoza. Cela prendra 2 à 3 semaines, à partir du moment où j’aurai fait la demande sur place, tout cela pour la modique somme de 510 pesos argentins. Super ! Sinon, j’ai le choix de faire une demande de passeport temporaire, valide un an, pour la modique somme de 170 pesos, mais avec celui-là, interdiction d’entrer aux États-Unis. Comme nous ne savons pas encore comment nous allons rentrer, et qu’il y a de fortes chances pour que notre vol de retour passe par les USA, c’est un peu risqué. Pour le reste, j’appelle la banque pour annuler les cartes de crédit et de débit. Pour cela, aucun problème. Je m’occuperai de la carte de résident permanent plus tard. De toute façon, il n’y a pas de consulat canadien à Mendoza, donc on verra cela à Buenos Aires. Le seul point positif est que du coup, si nous devons retourner dans la capitale, nous pourrons revoir Ana et Fer, qui nous ont accueillis chez eux pendant une semaine il y a deux mois. Nous serons bien contents de les revoir, mais les circonstances ne sont pas idéales.
Nous retournons prendre un café après toutes ces émotions et ces démarches. Lucas nous invite. Il est adorable, il nous a accompagnés partout, ce qui nous a tout de même fait gagner du temps. Il nous a même prêté un téléphone portable, et il a donné le numéro à la police pour qu’on nous appelle au cas où mon sac réapparaîtrait. Et bien figurez-vous que pendant que nous prenons le café, le téléphone sonne : mon sac est réapparu à 3 pâtés de maisons de là où on me l’a volé. Nous n’y croyons pas ! Je file au poste pour le récupérer. Finalement, je récupère toutes les choses importantes. La pochette est toujours là, avec tous les documents à l’intérieur. Dans l’affaire, j’ai perdu une bouteille d’eau, ma lampe frontale, 60 pesos en liquide et ma veste thermique MEC (ça, ça me fait vraiment suer, par contre…). Mais finalement, vraiment rien d’important. Nous sommes tous soulagés et contents que la soirée se termine ainsi. Après quelques ultimes démarches (il faut retourner à la police fiscale pour déclarer que nous avons retrouvé le sac, cela prend encore des plombes…), nous sommes enfin libres. Lucas nous laisse et nous nous promettons de nous retrouver le lendemain. De notre côté, nous nous mettons en quête d’un lit pour la nuit. Nous pensions camper, mais les agents de la police touristique nous le déconseillent. Les campings se trouvent tous près d’une zone un peu moins sûre. Nous ne tentons pas le diable et nous tournons vers notre bible de l’hébergement ici, le Get South, un livret qui répertorie les auberges et les hôtels, qui ne nous a jamais déçus. Auberge, ce sera ! Direction l’hostel Alamo, à quelques pâtés de maison de là, en face du Carrefour géant, ou nous allons vite faire quelques courses pour le soir. Nous sommes crevés et franchement, je n’apprécie pas vraiment le verre de Malbec, pourtant mérité. Nous allons nous coucher, soulagés mais épuisés par cette journée. Nous en profiterons plus demain.
Pour conclure sur cet épisode malheureux, nous avons eu une chance incroyable. Quelque part, nous pensons que ce genre de choses doit arriver au moins une fois en voyage. Il nous semble impossible de passer à côté pendant 6 mois. Nous avons attendu deux mois, et voilà. Mais d’un autre côté, puisque nous avons eu de la chance, nous pouvons dire maintenant que quelque part, c’est une bonne chose. À notre arrivée en Amérique du Sud, nous étions extrêmement prudents, nous faisions vraiment attention à nos affaires. Plus nous sommes descendus au sud, et plus nous avons baissé cette attention. Le sud n’est pas dangereux, il ne s’y passe pas grand chose, que ce soit en Argentine ou au Chili. Il faut être aussi attentif que dans n’importe quel endroit, faire preuve de bon sens, mais ça s’arrête là. Du coup, le fait que cela nous soit arrivé de cette manière nous a remis les pieds sur terre (enfin, surtout à moi), et je pense que c’était nécessaire, parce que plus nous allons monter au Nord, et plus il va falloir être attentif. Ce qui nous dégoûte un peu, quand même, c’est que cela soit arrivé à Mendoza, l’une des villes « les plus touristiques et les plus sures du pays » (je venais de lire cela dans le guide et de le dire à Stéphane quand c’est arrivé). Mais d’un autre côté, c’est mieux que ce soit arrivé là, car à Mendoza, les gens se font voler leur sac, mais cela s’arrête là. Il n’y a pas de crimes violents, d’armes à feu, etc., à l’inverse de bien d’autres endroits. Donc nous nous en tirons bien. Et nous allons redoubler d’attention à partir de maintenant. Un dernier mot sur la police touristique de la ville. Franchement, un grand merci. Ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent, mais ils nous ont vraiment aidé, et surtout soutenus. Et encore une fois, cela nous prouve que les Argentins sont vraiment des gens adorables. Et cela va au-delà de leurs obligations professionnelles.