Nous nous levons à 6 h pour tout remballer. Nous avons un petit peu de marche pour nous rendre à la station de police à la sortie de la ville, et nous devons y être à 8 h pour être certains de ne pas manquer le passage de notre chauffeur. À 6 h 50, nous sommes en route. Nous arrivons au rendez-vous à 7 h 30, une bonne petite marche dès le matin, en montée, et les sacs sont bien lourds puisque nous avons fait quelques provisions pour les jours à venir. Il ne nous reste plus qu’à attendre. À 8 h 30, notre chauffeur n’est toujours pas là. C’était trop beau… Du coup, on mange toutes les pâtisseries que nous avions achetées pour le remercier de nous emmener ! Nous décidons de commencer à faire du stop, car nous voulons être à El Chaltén aujourd’hui. Il n’y a pas beaucoup de circulation, à part les navettes pour l’aéroport et les ouvriers qui vont bosser aux abords d’El Calafate. Alors on passe le temps comme on peut.
On grignote, on discute avec l’un des agents de police, qui nous propose gentiment de l’eau chaude et du café. Un couple de cyclistes se joint à nous dans l’attente. Elle est française, il est Équatorien. Ils font le tour de l’Amérique du Sud à vélo et cherchent un camion qui voudra bien les conduire à Rio Gallegos, car cette route est longue et plutôt désertique. Enfin, quelqu’un s’arrête. Le monsieur va à Rio Gallegos et accepte de nous déposer au croisement de la route 40, à une trentaine de kilomètres. De là, nous trouverons forcément quelqu’un pour nous emmener à El Chaltén.
Une fois à l’embranchement, nous attendons un peu, et une voiture s’arrête. Il s’agit d’un couple d’une soixantaine d’années de Buenos Aires qui visite le sud de l’Argentine. Ils sont vraiment adorables. Ils ne vont pas à El Chaltén, mais peuvent nous déposer 20 km plus loin. Nous acceptons, et ils nous déposent à un croisement, d’où nous profitons d’une vue magnifique sur le Lago Argentino, turquoise sous le soleil. Ici, les voitures ne sont pas monnaie courante et nous les voyons toutes arriver au loin.


Chaque fois, nous espérons qu’elles vont s’arrêter. Et nous n’attendons pas très longtemps : un camion de chantier s’arrête et nous propose de monter dans la remorque, au milieu des outils. Il va à El Chaltén. Nous parcourons donc 150 km dans une remorque, avec une vue imprenable sur le paysage. On a un peu les fesses dans le ciment, mais bon, il faut ce qu’il faut. Nous avons économisé 150 pesos aujourd’hui.


Vers 13 h 30, nous arrivons à notre destination, sous un vent qui souffle d’une force difficile à imaginer ! C’est comme ça à El Chaltén, on vit avec le vent. Et franchement, quand je me plaignais du vent de Québec, je n’avais encore rien vu. Autant dire que les derniers kilomètres dans la remorque ont un peu décoiffé ! Le village est minuscule, et niché dans les montagnes, c’est vraiment joli. L’arrivée est spectaculaire. Mais difficile d’en profiter tant ça souffle. On tient à peine debout par moment, la poussière et la terre volent partout, on en mange et on en a plein les yeux. C’est assez désagréable.
Après être passés au centre d’information du parc Los Glaciares et avoir pique-niqué devant le mont Fitz Roy, nous nous mettons en quête d’un hébergement. Direction l’office de tourisme, qui nous remet une carte du village avec tous les services offerts. Finalement, malgré le vent, nous optons pour le camping, pour des raisons économiques. Les auberges de jeunesse ne proposent pas le petit déjeuner, ou alors pour un prix qui dépasse largement celui du camping. Du coup, nous choisissons un camping dans lequel nous avons accès à un refuge pour nous protéger du vent, ce qui revient au même qu’une auberge, pour moins cher. Le seul hic, et cela, nous ne l’avions pas prévu : nous dormons dans la terre. Avec le vent, la terre passe par les moustiquaires et s’engouffre à l’intérieur de la tente. Les duvets sont recouverts d’une couche marron, et ça va être ça pendant deux jours, si le vent ne se calme pas… Nous allons devoir secouer toutes nos affaires régulièrement.
Il nous faut à présent décider de notre prochaine destination, et réserver le bus au besoin. Nous avons le choix entre la traversée de la frontière à pied en 3 jours pour rejoindre l’extrémité sud de la Carretera Austral à Villa O’Higgins, au Chili, le bus par la route 40 pour traverser la frontière à Chile chico et prendre la carretera austral un peu plus haut, ou le bus sur la route 40 jusqu’à Esquel, 600 km au nord. Nous choisissons la dernière solution, même s’il s’agit de la plus onéreuse. Nous avons peur de manquer de temps si nous remontons toute la carretera austral. Nous allons certainement manquer de très beaux paysages, mais en contrepartie, nous pourrons aller au parc Los alerces, près d’Esquel, qui semble magnifique. Nous traverserons la frontière là-bas, et prendrons une mini-section de la carretera austral jusque Chaiten, pour ensuite prendre un bateau qui nous emmènera sur l’île de Chiloe. Une fois ce périple planifié, direction la gare routière pour réserver notre billet. 1 000 pesos plus tard, nous sommes fin prêts : nous quittons El Chaltén le 14 novembre à 3 h 10 du matin (tu parles d’un horaire…) et arriverons à Esquel le même jour à 23 h 30.
La journée se termine tranquillement après un petit tour dans le village pour faire quelques courses, une douche, et un bon repas pris dans le refuge. Nous nous couchons à 22 h 30, quand même. Nous n’avons pas fait grand-chose, mais nous sommes crevés. Et demain, on se lève tôt pour la première rando jusqu’à la laguna Torre.